Le flambé, Iphiclides podalirius
[LES INSECTES ET AUTRES ARTHROPODES]
Le carnaval des insectes au Muséum de Grenoble
Nous commençons notre série de publication sur la salle « carnaval des insectes » par l’un de nos plus grands et plus beaux papillons « de jour » d’Europe
Sur 20 400 espèces décrites au niveau mondial, les papillons de jour représentent moins de 10% de la diversité des lépidoptères
Le flambé, Iphiclides podalirius
Iphiclides podalirius, le flambé aussi appelé le voilier, est un lépidoptère. Du grec ancien lepís «écaille» et pterón «aile», les papillons ou lépidoptères ont environ 150 000 écailles sur leurs ailes. Composées de chitine, ces écailles sont colorées et forment des motifs permettant aux papillons de se reconnaître, communiquer et échapper aux prédateurs.
Les petites queues au bout des ailes postérieures du flambé sont typiques de sa famille : les Papilionidae (bien que tous les Papilionidés n’aient pas de queue).
Le flambé adulte se nourrit du nectar de diverses plantes à fleurs tandis que la chenille consomme les feuilles de certains arbres et arbustes de la famille des Rosacées (le prunelier et l’aubépine). Le rôle de cette espèce est majeur dans la pollinisation, les jardins avec des essences locales et les friches sont idéaux pour favoriser la présence du flambé.
Dans les réserves du Muséum, plusieurs spécimens de flambés sont en collections comme dans la collection de M. Allusson donnée en 1980. Datant du XXème siècle, cette petite collection d’insectes de France hexagonale contient entre autres le spécimen de flambé en photo ici. D’une envergure de 6,7 cm, il a été trouvé à Collobrières (Var) le 2 août 1976 et a été naturalisé par Adrien Allusson, entomologiste co-fondateur du Club Entomologique Dauphinois Rosalia. Trop précieux pour être exposé, ce spécimen ainsi que le reste de la collection Allusson et toutes les collections nominatives d’entomologie du Muséum sont conservées dans une réserve aveugle, dans le noir, à l’hygrométrie et à la température contrôlées.
Vous pouvez retrouver un spécimen de flambé de la collection générale d’entomologie exposé dans la vitrine « Les insectes de l’étage collinéen (<750m d’altitude) – Milieux ouverts » de la salle Carnaval des insectes du Muséum.
Texte : Charlotte Fétiveau, responsable collections entomologie, Muséum de la Ville de Grenoble
Crédit photo : Claudie Durand & Charlotte Fétiveau, Muséum de la Ville de Grenoble
Le saviez-vous ?
On trouve ce papillon en illustration sur les timbres postes d’Allemagne de l’ouest 1962, en Hongrie et en Union Soviétique en 1987
D’où vient le nom de Flambé ? Probablement du graphisme de ses ailes, des flammes noires qui les ornent. Mais pas n’importe quelles flammes : au 18e siècle, dans sa description de l’espèce, le savant Réaumur fait référence aux motifs présents sur des étoffes chinés de l’époque : “les taches qui sont dessus, sont noires, faites en espèce d’ondes, ou de flammes, qui imitent celles des taffetas qu’on nomme flambés”